15/06/2016

Le temps, ce cercle infernal: Cent Ans de Solitude

Gabriel Garcià Màrquez

Ecrit en 1967, le roman de Gabriel Garcìa Màrquez Cent Ans de Solitude est fou, beau, imprévisible, incompréhensible et franchement génial. Il retrace l’histoire de la création de la ville fictive de Macondo en Amérique du Sud, et la destinée de la famille Buendià sur environ sept générations. Increvables, déterminés, nombreux, les Buendià font la guerre, la fortune de la ville, et surtout cherchent un sens à leur vie. Pour moi, c’est la représentation parfaite de ce qu’on appelle le réalisme magique, un genre propre à la littérature latino-américaine. L’histoire mêle réalité et fiction tellement bien qu’on ne semble pas s’inquiéter de la vraisemblance de certains évènements : les fantômes, les épidémies d’insomnies de dix ans, les périodes continues de pluie et de sécheresse, et puis la longévité des personnages.

Seulement, la ville a été condamnée par un gitan, Melquiades, à cent ans de solitude. Le temps est un élément important dans ce roman : il ne se déroule pas normalement, mais c’est un cycle, il n’est pas vraiment régulier mais un peu déréglé et bizarre. On finit par croire qu’il n’existe pas. Malgré les personnages qui vieillissent, rares sont ceux qui meurent de vieillesse, et il n’est pas rare de croiser des femmes de 150 ans ou même des fantômes qui reviennent dans leur demeure poursuivre leurs vies comme s’ils n’avaient pas disparu. En cent ans, Macondo évolue, s’ouvre au monde extérieur puis se renferme. Guerres, massacres, il semble que la ville survit à tout.

Ce livre a été pour moi interminable, je n’ai pas vu le temps passer en le lisant et je n’avais pas du tout l’impression d’avancer dans ma lecture. Mais pas de manière négative : cela n’a fait que renforcer l’effet d’un temps figé, solitaire, qui recommence et ne s’arrête jamais. Les générations, les événements, tout se répète et le temps n’est qu’un cycle sans fin qui ne peut cesser à cause de la malédiction. Cela ne fait que renforcer le mystère qui persiste autour de la ville et de la famille Buendià.


Ce n’est pas un livre à lire en un weekend ; mais il faut prendre son temps, réussir à imaginer l’histoire sans fin et cette famille un peu spéciale dans la tête, il faut faire attention à l’écriture délicate et aux évènements farfelus mais si crédibles dans un tel environnement. Cent Ans de Solitude est magique et il faut en profiter, le respecter et le voir comme le chef d’œuvre qu’il est. Bien que mes goûts littéraires en soient bien éloignés, je dois avouer que ce roman a su prendre une place dans mon cœur bien plus importante que ce à quoi je m’attendais. 

A. H.  

28/05/2016

Mes parents sont des espions: The Americans



Un autre moyen d’appréhender l’histoire de la Guerre Froide, et une nouvelle bonne excuse pour passer des heures à ne rien faire (ça fonctionne), la série The Americans de FX est vintage, rafraîchissante, même si un peu stressante. Elle raconte l’histoire de deux agents soviétiques du KGB sous couverture aux Etats-Unis au début des années 1980. Elizabeth et Philip Jennings n’existent pas vraiment ; c’est une identité qu’ils ont adoptée pour passer inaperçu et voler des informations au gouvernement américain, qu’ils transmettent ensuite à leur pays pour que la guerre silencieuse continue.

Avec deux enfants, Paige et Henry, qui ne savent rien de cette réelle identité, garder le secret s’avère encore plus difficile. Elizabeth et Philip mènent une double vie, entre la maison, leur supposé travail en tant qu’agents de voyage, et leurs nombreuses missions plus ou moins dangereuses que leur gouvernement leur demande d’accomplir. La série commence avec l’emménagement d’un agent du FBI, Stan Beeman, en face de chez eux, et il devient un peu plus difficile de jouer le jeu et de ne pas se faire repérer. Mais les russes, bien entraînés, ne se font pas avoir et malgré les premiers doutes de Beeman, une vraie « amitié » semble se développer.

J’admets qu’il est possible de trouver cette histoire farfelue, mais elle est basée sur des faits réels et qui ne se sont pas arrêtés à la fin de la Guerre Froide : le programme des Illégaux du KGB a atteint son apogée aux Etats-Unis en 2010. Et la Guerre était loin d’être terminée (que l’on croit). Certes, l’histoire est romancée, mais on peut tout de même comprendre les enjeux des déguisements, des missions, des mensonges. Si les américains sont connus pour être (un peu trop) patriotes, les russes ne le sont pas moins, mais dans un sens un peu plus profond et bien plus sérieux. Se battre pour la cause, jusqu’à en mourir, voilà ce à quoi les agents du KGB hyper-entraînés se préparent.

Je ne pourrais pas assez recommander cette série. Elle est d’un sérieux qui dépasse l’entendement, et on ne peut qu’admirer l’agilité des « américains » à se construire une vie de rien, à en vivre plusieurs à la fois pour ne pas compromettre leur identité, à admirer leur agilité physique et mentale également, car rien ne leur échappe.

L’ignorance des enfants toutefois, fait un peu de peine à voir : ils pensent que leurs parents sont toujours en train de travailler et ne les aiment pas, et ne comprennent pas pourquoi ils sont ainsi abandonnés chaque soir sous prétexte qu’ils doivent retourner au bureau, alors que réellement leurs parents protègent une chose qui leur est chère, et encore plus que leurs enfants, la cause.

La force de l’idéologie est impressionnante, que ce soit du côté russe ou américain. Il ne faut jamais se relâcher, jamais cesser d’avoir peur et d’être méfiant, car au moindre relâchement, tout peut être terminé, et les opérations compromises, ainsi que leur identité et leur famille. Keri Russell et Matthew Rhys, qui jouent Elizabeth et Philip, sont particulièrement surprenants et justes dans leurs rôles et ne cessent de m’étonner à chaque rebondissement. Ça donnerait presque envie de se prendre des coups pour défendre son pays (ou de voir d’autres gens se prendre des coups pour défendre leur pays, dans le confort de son canapé).


A.     H. 

25/05/2016

Les premiers Dumont



Triste, gris, sale, cru, violent, dur, froid.  Voilà ce qui ressortait y a quelques années lorsqu’on parlait du cinéma de Bruno Dumont. Oui ce Dumont-là. Celui qui a tourné la série comique (certes sur Arte) P’tit quinquin, et qui aujourd’hui fait l’amour de la critique avec son Ma loute au Lucchini luchinesque, aux gags explosifs et à l’humour dévastateur. C’est pourtant le même bonhomme qui à chacun des bouts de sa vie de cinéaste tient la caméra et scrute en de longs plans élégants, des visages taillés aux couteaux et les paysages découpés par les vents. Le même bonhomme qui en 97 et 99 sortait L’humanité et La vie de jésus, deux films sur lesquels en bon poseur qui ne veut pas faire comme tout le monde (surtout s’il est d’accord avec ce tout le monde), je voudrais parler.

Ses deux premiers films sont quasiment les mêmes. Ça se passe dans une grande rue d’un petit village du Nord. Deux gueules y vivent avec leur grasse maman, aux petits soins pour le seul homme qui leur reste. L’un est un flic à la candeur et l’intelligence douce d’un agneau, l’autre est un gosse paumé, sans emploi et ne faisant rien de ses trop longues journées. Le premier enquête sur un crime horrible, l’autre le commettra par racisme, chagrin d’amour, par ennui.

Derrière ces facies fermés, crépite, frémit, fermente leur ressentiment pour un monde vide où l’on tourne en rond et croise les mêmes personnes. Tout est aussi banal que fatal et de la mécanique de leurs mouvements, la caméra scrutatrice de Dumont décèle comme chez les modèles bressonniens les signes trahissant une vie enfuie. Ça tourne en rond, et les mêmes plans se répètent sans jamais être les mêmes, motif répété à l’envie de scènes d’amour cru et creux ou de virées assourdissantes en mobylette.

Ce que filme Dumont, ce qu’il épie dans les moindres palpitements de l’épiderme, dans les tics involontaires de ses acteurs, c’est un poids invisible qu’ils trainent malgré eux. Le poids du désœuvrement, de l’absence de tout divertissement, de la finitude et de la mort qui leur fait face dans ses grands ciels et ces longs paysages mornes où se dispute des dégradés d’un vert mouillé. Baigné de lumière comme chez Hopper, ces figures christiques n’ont plus qu’à porter leur croix. La croix d’un passé douloureux, d’un grand père fameux, et de son désir irréalisable envers Domino dans L’humanité, la croix d’un futur inexistant dans La vie de jésus.


Pas de révolte possible, juste des soubresauts et ses victimes collatérales. Et dans les yeux de Dumont toujours un humanisme, forcené pour ces personnages dont il cherche à sentir la vérité et l’enfermement. Et en cela son cinéma comme tout cinéma est politique. Il cherche l’individu dans sa nudité et sa misère, et en fait un martyre. La misère sexuelle est intellectuelle dans un monde où la seule fenêtre sur l’extérieur est une télévision mal réglée, sont alors autant de clous invisibles et l’inertie de sa caméra autant d’impossibles changements. Dans le monde Dumont, les sexes doivent se rencontrer et les grèves se terminer. Au mieux on peut tout juste s’enfuir dans l’herbe ou s’écraser la face contre terre. 

Victor

02/05/2016

A la recherche de l'identité: Persépolis


  

Je n’aime pas les BD. Les comics. Peu importe le nom que cela prend. J’ai lu les Schtroumpfs, certes, et c’était fort amusant. Mais c’est tout. J’ai toujours préféré les romans, même pour les histoires les plus simples. Une bande dessinée ne se prend pas au sérieux, et ça ne peut pas être assez riche pour me satisfaire. Quand on préfère lire Zola, l’absence de toute réflexion et de longs paragraphes est plutôt angoissante. Mais voilà, c’est (presque) forcée que j’ai dû ouvrir celle-ci, Persépolis. Ecrite entre 2000 et 2003 par Marjane Satrapi, elle retrace une histoire supposée autobiographique de l’auteure, son enfance en Iran puis son exil en Autriche, et enfin son retour au pays natal.

Comme au fond de moi je suis un peu réactionnaire et que je pense que la littérature doit s’écrire et non se dessiner, la forme m’a déplu, même si pour des raisons plutôt profondes elle fait sens. Je dois dire que je suis légèrement déçue, car cette histoire aurait pu être développée et approfondie. Toutefois, elle m’a touchée.

La petite Marji grandit lors de la Révolution Islamique, dans un pays centré sur la religion et l’oppression. Elle reçoit une éducation française, libérée de tout précepte islamique. Lorsque tout change, elle doit sacrifier son identité et son apparence pour correspondre à des standards établis par l’état. Mais même voilée, Marjane ne cache pas son admiration et son amour de la culture de masse américaine et ses idoles. La violence augmente, et ses parents décident de l’envoyer en Autriche, là où elle pourra être saine et sauve. Là-bas, Marjane découvre un autre monde, une autre culture, et essaye de se forger une identité en imitant les autres et en se conformant à ce qu’elle voit, même si ce n’est pas toujours le même chemin à prendre. Elle se drogue, fume, se « libéralise », mais elle se demande finalement si elle sait très bien qui elle est. Etre en exil, sans sa famille, se retrouver dans un entre-deux culturel et politique, est-ce finalement bien bon pour se découvrir soi-même ? Surtout que pour Marjane, cette recherche d'identité s'effectue à deux niveaux: elle cherche à découvrir à quelle culture elle appartient, mais aussi quelle sorte de femme elle est et veut être. 

Même si je ne suis personne de juger de cette question parce que je n’ai jamais vécu dans de telles circonstances, je répondrais toutefois qu’il est complexe de se construire lorsqu’on vit dans des environnements si contradictoires. Alors qu’on ne sait même pas où se trouve notre foyer, comment savoir qui on est réellement ? Marjane cherche son identité mais ne la trouve pas tout de suite, la construction prend du temps et est douloureuse.

La lecture de cette bande dessinée me laisse perplexe. J’ai vraiment apprécié l’histoire et le message qu’elle transporte, mais je suis déçue de ne pas avoir obtenu plus de cette lecture. Toutefois, je suis finalement plutôt contente d’être sortie de mes habitudes et d’avoir essayé quelque chose de nouveau et qui, malgré ses « défauts », m’a énormément émue !


A.     H. 

24/04/2016

Downton Abbey, la fin d'une ère

Sans spoilers, affiche de la première saison

La fin d’une ère… peut-être pas pour vous, pas non plus pour la télévision ni les drames historiques, peut-être pour personne en fait, mais pour moi certainement. Je ne me rappelle pas exactement pourquoi j’ai commencé de regarder cette série, ni quand, mais il me semble que cela remonte à deux ans, lorsque j’étais en prépa (il faut bien se divertir de temps en temps). Alors, il y a deux ans, j’ai regardé les trois premières saisons le plus vite possible. Parce que tout était déjà là, comment me restreindre ?
Impossible en effet d’éviter l’excitation d’un nouvel épisode ou d’une nouvelle saison. Et pourtant, je ne pense qu’aucune série n’a eu le même effet sur moi que celle-ci. Si vous n’en avez jamais entendu parler : tout d’abord, et je tiens à le dire, quelle honte. Ensuite, c’est pas très grave, vous pouvez y remédier. Rapidement. Maintenant.
Downton Abbey est un drame historique qui commence pile poil lorsque le Titanic coule pour de vrai, en 1912, et suit les évènements quotidiens d’une famille d’aristocrates britanniques et de leurs domestiques, en temps de paix et de guerre, jusqu’à la fin de l’année 1925. A mon avis (très objectif), cette série a un peu tout ce qu’il faut. De la politique, du drame british bien caractéristique, des histoires d’amour, des manigances et de l’humour (surtout celui de Lady Grantham, interprétée par Maggie Smith, notre bien-aimée McGonagall). Beaucoup de tristesse aussi…
Il ne faut pas se mentir, cette série absolument géniale a certainement eu raison de la plupart de mes larmes ces dernières années. Si ce n’est 90%. Après des années de n’avoir jamais voulu qu’elle se termine, voilà que ce soir, après avoir attendu quelques mois avant d’avoir le courage de regarder le dernier épisode, finalement la fin est là. Et elle m’accable. La sixième et dernière saison est peut-être la plus émotionnelle de toutes : si j’ai pu pleurer lors des autres saisons (préparez les mouchoirs pour la troisième), ça n’a jamais été aussi régulier que pour celle-ci, où mes pauvres yeux y passaient à chaque épisode. Trop de souvenirs, d’émotions.
Même si je ne peux que jeter des fleurs sur absolument tout (la réalisation, les dialogues, les costumes, et les acteurs), il faut quand même admettre que cette dernière saison était très bien organisée pour pouvoir permettre une fin heureuse à tous les personnages. On ne s’y attendait pas vraiment, mais tout finit bien. Finalement, à Downton, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, on trouve des solutions à tous les problèmes et la modernité s’installe tranquillement dans un monde fixé dans des traditions datées.
Les personnages ont grandi et ont souffert (moi aussi), et je pense qu’il est absolument intéressant et excitant de les voir évoluer dans un contexte historique que l’on peut facilement identifier. On apprend beaucoup. Mais surtout, on rigole, on est triste, et puis très souvent, je pleure. Il est fascinant également de voir évoluer dans leur « habitat naturel » une famille et des domestiques d’une manière que l’on n’aurait jamais pu imaginer avant, ainsi que leur interactions sociales et personnelles.
Il est fort probable que mes réactions soient un peu too much. Je ne sais pas trop pourquoi. La seule chose que je peux dire est : si vous n’avez rien à faire, si vous avez quelque chose à faire, arrêtez tout dans votre vie, et regardez cette série. Elle pourra vous faire rire et pleurer (ou rigoler en vous étouffant dans vos pleurs, ça marche aussi), et vous aimerez quand même. Et puis disons que les acteurs et les paysages sont plutôt pas mal non plus.

Highclere Castle en Angleterre, ou "Downton Abbey"


A. H


06/04/2016

Eisenstein à la moulinette freudienne




















La lecture de la « psychobiographie » d’Eisenstein de l’académicien Jérôme Fernandez a été pour moi l’occasion de me replonger dans la filmographie du plus grand génie russe du cinéma. Eisenstein, dont le cinéma (d’autant plus aujourd’hui) est un des seuls cinémas proprement révolutionnaire mais aussi un cinéaste dont la révolte se loge au plus profond de son intimité. Et en ces périodes d’ébullition dans la capitale française, voir Octobre et les soldats se préparer à la prise du palais d’hiver littéralement à deux pas de mon appartement pétersbourgeois, semble un clin d’œil amusé.

Eisenstein c’est la révolution, la confrontation des images, une dialectique montée au rythme d’un train soviétique dont jaillit le grand soir, un petit bout de vrai dans le gris des fumées des usines pétersbourgeoises. Ce sont des mouvements qui au lieu de s’élancer dans le vide, se confrontent entre eux, et par leurs étincelles mettent le feu à la poudre entreposée par les années d’un empire paternaliste. Tantôt d’une pureté et d’une clairvoyance matérialiste, tantôt d’un lyrisme quasi mystique, son cinéma autant que ses textes à la culture éclectique, réussi alors un tour de force. Il pointe au fond de nous, le refoulé, le contenu et donne pour échappatoire la sublimation de ces désirs dans le jaillissement d’une une révolution fantasmée, violente mais libératrice.

Et c’est là un des tours de force de Jérôme Fernandez, de nous montrer comment cette glorification de la révolution, et cette conviction de la nécessité du renouveau exorcisent des hantises intimes bien loin des masses et de leur inéluctable mouvement historique. Que ce soit dans la Potemkine qui fend canon dressé, la flotte qui finalement se rallie à lui, dans le plus que parlant bec de l’écrémeuse duquel surgit enfin la goutte de lait tant attendue, ou enfin la déconstruction puis la reconstruction de l’immense statue du Tsar Alexandre, l’auteur voit l’image du père défaillant et pourtant impossible à remplacer, le conduisant à contenir une sexualité s’exprimant alors de manière détournée dans la glorification du jaillissement de la révolution.

Et loin de diminuer la portée de l’œuvre d’Eisenstein, et même si on peut relativiser cette propention toute freudienne à trouver à peu près n’ importe où des symboles phalliques, le bouquin de Fernandez tente de percer le mystère de la création et l’approche de près. Loin du « souffle divin » grecque, l’originalité formelle d’Eisenstein qui nous montre encore aujourd’hui que l’héritage petit bourgeois de Griffith n’est pas la seule à pouvoir fonder le cinéma, se niche au plus profond de la psyché du créateur. Alors si vous êtes un admirateur d’Eisenstein et si vous voulez comprendre d’un peu plus près la création qui bien souvent naît de considération bien concrète, plongez-vous dans l’œuvre d’Eisenstein mais lisez aussi cette biographie. La cinéphilie ce n’est pas qu’avaler des films c’est aussi savoir les lire.

V. D.



28/03/2016

And the waltz goes on...




Toute personne normale pourrait croire que 8 ans de solfège et plus de 14 ans de pratique de la musique m’auraient dégoûté du classique, mais en fait non. Durant mes jeunes années, j’ai pu goûter à la musique « actuelle » et puis très souvent (presque toujours…), j’ai détesté. Alors, loin des boîtes de nuits et des concerts pop rock, j’écoute tranquillement valses et opéras, qui, à mes yeux, ne perdront jamais de leur merveille.  

Impossible de se lasser de la musique classique : Vivaldi, Wagner, Chopin, Tchaïkovski, Strauss, sont éternels. Mon répertoire s’étant étendu ces dernières années, sans jamais m’en ennuyer, me voilà désormais occupée à écouter entièrement des concerts d’André Rieu. Et, par hasard,  Et la valse continue (And the waltz goes on), écrite par Sir Anthony Hopkins il y a des années, apparaît. Sans crier gare, la beauté surgit et éblouit mon oreille.

Mystérieuse puis aventureuse, cette magnifique valse nous rappelle Strauss mais également Vienne.  Le tempo s’accélère puis s’apaise, les violons nous entraînent dans des mélodies déchaînées et simplement nous valsons sans même nous en rendre compte.

La beauté de cette valse réside dans la mélodie mais aussi dans les émotions qu’elle procure. Et n’oublions pas : si cette valse s’inscrit dans la continuité de Strauss et elle apporte tout de même une touche musicale moderne et dramatique. La composition relativement récente de ce morceau me réjouit encore plus que tout le reste. De nos jours, il est complexe de trouver de l’émotion dans la musique comparable à celle procurée par les grands compositeurs ; le classicisme devient contemporain et tout est moche. Oui, moche. Il se peut que mon conservatisme musical (ou conservatisme tout court) soit légèrement poussé, mais en rien exagéré : mis à part dans le passé, où pouvons-nous trouver la beauté ?


Dommage que la musique soit devenue une telle industrie absurde où on n’en fait plus vraiment ; dommage que les musiciens d’aujourd’hui aient perdu la beauté telle qu’elle est réellement ainsi que toute envie de la redécouvrir Mais heureusement que dans ces heures de tristesse et de désespoir, il y a encore assez de vrais artistes pour faire revivre une époque magique qui n’aurait jamais dû disparaître. 



A. H.